La Vie est une allée, un jeu, un aller sans retour
La Vie est un jeu, une période, un aller sans retour
La Vie est une période, une naissance, un aller sans retour
La Vie est une naissance, une compréhension, un aller sans retour
La Vie est une compréhension, une maturité, un aller sans retour
La Vie est une maturité, un passage, un aller sans retour
La Vie est un passage, une épreuve, un aller sans retour
La Vie est une épreuve, un parcours, un aller sans retour
La Vie est un parcours, un combat, un aller sans retour
La Vie est un combat, une maladie, un aller sans retour
La Vie est une maladie, une mémoire, un aller sans retour
La Vie est une mémoire, puis un trou, un aller sans retour
La Vie est un trou, un noir, un aller sans retour
La Vie est un noir, une fin, un aller sans retour
La Vie est une fin, une dimension, un aller sans retour
La Vie est une dimension, un renouveau, un aller sans retour
La Vie est un renouveau, un aller sans retour.
L'allée
Fardée et peinte comme au temps des bergeries
Frêle parmi les noeuds énormes de rubans,
Elle passe sous les ramures assombries,
Dans l'allée où verdit la mousse des vieux bancs,
Avec mille façons et mille afféteries
Qu'on garde d'ordinaire aux perruches chéries.
Sa longue robe à queue est bleue, et l'éventail
Qu'elle froisse en ses doigts fluets aux larges bagues
S'égaie un des sujets érotiques, si vagues
Qu'elle sourit, tout en rêvant, à maint détail.
- Blonde, en somme. Le nez mignon avec la bouche
Incarnadine, grasse, et divine d'orgueil
Inconscient. - D'ailleurs plus fine que la mouche
Qui ravive l'éclat un peu niais de l'oeil.
Paul Verlaine